Notre-Dame de l'Assomption - 800 ans de tribulations

Depuis la pose de sa première pierre à l’aube du XIIIe siècle - la légende veut que Blanche de Castille, mère de Saint-Louis, s’en soit elle-même chargée - l’église Notre-Dame de Taverny a connu bien des déboires.

À l’heure où la Municipalité s'apprête à lancer une opération de crowdfunding visant à récolter des dons qui permettront de restaurer en partie l’édifice majeur qui surplombe la ville depuis près de huit siècles, retour sur son histoire mouvementée.

Ainsi que l’explique l’historienne Laure Gauffre dans son ouvrage dédié à Notre-Dame-de-l’Assomption, “Taverny et son église eurent à souffrir des périodes de guerre et de crises qui jalonnèrent l’Histoire nationale, mais également des intempéries, qui s’abattirent parfois violemment sur la région”.

L’église de Taverny face à la force des éléments

Dès la fin du XIIIe siècle, un manuscrit latin conservé à la Bibliothèque Nationale mentionne le passage d'un ouragan. Celui-ci pourrait être à l’origine des dommages subis par le clocher originel de Notre-Dame de Taverny. Bien que cette hypothèse reste à confirmer, elle souligne la vulnérabilité de l'édifice face aux éléments. Preuve en est, le 13 juillet 1788, un violent orage de grêle s'abat sur toutes les régions du nord de la France. L’église de Taverny n’est pas épargnée : sa toiture accuse des dégâts considérables. Deux ans plus tard, en 1790, les réparations - alors à la charge de l'assemblée de Saint-Germain-en-Laye, dont la paroisse dépendait et dont le seigneur et le curé du lieu étaient membres de droit - n'étaient toujours pas achevées ! De quoi témoigner de l'ampleur des dommages et des difficultés financières de l'époque. Et pour cause, nous sommes alors en pleine Révolution !

D'autres facteurs environnementaux, certes moins spectaculaires, ont sans doute affecté l'église au fil des siècles : l'exposition continue aux intempéries, les variations de température ou encore la pollution atmosphérique croissante depuis l'ère industrielle… Mais ce n’est pas tout !

L’humidité a elle aussi joué son rôle : en effet, durant plusieurs siècles, les morts étaient enterrés autour de l’église, si bien que les terres, à force d’être remuées, s’étaient tant accumulées “que les fenêtres ne se trouvaient à certains endroits qu’à 1,50 m du sol", ce que précise l’historienne Laure Gauffre dans son ouvrage.

Mais si le temps a fait son œuvre, avec plus ou moins de violence, sur l’édifice tabernacien, ce sont bien les hommes qui lui ont porté le plus grand préjudice.

Les épreuves de la guerre

De la Jacquerie et la guerre de Cent Ans

Au milieu du XIVe siècle, alors que la peste décime villes et campagnes, provoquant un désarroi social sans précédent, l'église de Taverny est prise dans la tourmente de la Jacquerie. En 1358, sous la conduite de Jacquin de Chenevières, les paysans révoltés saccagent les châteaux de la région, y compris celui de Taverny. Bien que les dégâts précis subis par l'église ne soient pas documentés, il est probable qu'elle n'ait pas été épargnée par ces troubles. Par la suite, la guerre de Cent Ans apporte aussi son lot de dévastation : entre 1404 et 1440, la vallée de Montmorency est ravagée par les opérations militaires. L'église sert probablement de refuge aux habitants face aux incursions anglaises. Un épisode marquant fut l'occupation du camp de Taverny par 300 à 400 soldats anglais, qui terrorisèrent la région jusqu'à ce que les habitants les assiègent.

Au milieu du XVe siècle, l’heure est à la reconstruction, dans le style flamboyant, à laquelle participent largement les paroissiens. Le calme revient. Mais pas pour longtemps.

De la Fronde à la Révolution

Au XVIIe siècle, la Fronde sème à nouveau le chaos. En juin 1652, les troupes royales pillent Taverny. Les habitants se barricadent dans l'église, espérant y être en sécurité. Malheureusement, le lieu sacré n’est pas épargné : pire, il fait l’objet de pillages.

Puis, lorsque sonne la Révolution française, l’église doit faire face à une période de déchristianisation : après avoir servi de lieu d'assemblées patriotiques. Notre-Dame-de-l’Assomption devient alors… un "Temple de la Raison".

“Lors de la mise en œuvre de la constitution civile du clergé, explique l’historienne Laure Gauffre, le maire de Taverny reçut l'ordre de faire un inventaire exact de tous les biens mobiliers appartenant à la fabrique”. L'église est alors dépouillée de son or et de ses cloches au profit de la Trésorerie Nationale ou aux fonderies de canons. “La déclaration des biens de la cure nous apprend que le presbytère, construit au XVIIe siècle, avait été démoli, et qu'il n'en restait plus que la grange, l'écurie et l'étable”, ajoute Laure Gauffre. Enfin, la période révolutionnaire se termine par des actes de vandalisme et de destruction… des déboires qui seront heureusement réparés au XIXe siècle.

Quel impact à l’heure des conflits modernes ?

La guerre de 1870 vit Taverny occupée par les troupes prussiennes, mais les dommages spécifiques à l'église ne sont pas documentés. Néanmoins, à la suite de la loi sur la séparation de l'Église et de l'État, au début du XXe siècle, la porte de la sacristie de Notre-Dame de Taverny est forcée pour permettre l'inventaire. Puis l’église est cambriolée par des malfaiteurs, ce que rapporte le curé de l’époque dans les archives.

Fort heureusement, les deux guerres mondiales semblent avoir épargné l’église de Taverny.

Malgré les guerres, les révolutions et les caprices du climat, Notre-Dame-de-l’Assomption est restée debout, symbole de la foi et de la persévérance des Tabernaciens. Les multiples restaurations et l'attention portée à sa préservation au fil des siècles démontrent l'attachement profond de la communauté à ce patrimoine exceptionnel.