L'étang Godard

Un écrin de nature et d’histoire à Taverny

 

Au cœur de la Forêt de Montmorency, l’étang Godard apparaît comme une parenthèse paisible, où la nature et l’histoire sont étroitement liées.

Chaque année, cet étang, bien connu des Tabernaciens, attire de nombreux promeneurs et autres sportifs, séduits par son atmosphère sereine et la beauté de son cadre, en pleine nature. Mais, derrière la quiétude de ses eaux, ce bassin recèle aussi quelques anecdotes et souvenirs du passé qui ajoutent à son charme.

Un héritage résolument rural

 

Bien avant de s’appeler “étang Godard”, ce point d’eau, alors bien moins grand, portait un nom plus modeste, mais très évocateur : la Mare aux chevaux. Ce toponyme ancien rappelle l’époque où l’étang faisait partie du quotidien rural de Taverny. Les chevaux, les bœufs et autres animaux de trait y venaient s’abreuver ou laver leurs sabots, accompagnés par les agriculteurs et vignerons des environs. L’endroit était aussi un lieu d’échange, un carrefour de nouvelles et de voisinage. À Taverny, trois gués à chevaux - appelés également lave-sabots - sont attestés par les archives. L’un d’eux se trouvait précisément ici, en Forêt de Montmorency, sur la route de la Croix Saint-Jacques, comme l’atteste une carte de 1794 mentionnant une "Mare aux chevaux"...

Un autre fut créé, plus tard, à proximité de l’église Notre-Dame-de-l'Assomption. Il s’agissait de bassins peu profonds, bordés de plans inclinés pour permettre l’accès facile aux animaux. Ces installations, aujourd’hui rares, sont des témoins précieux de l’organisation agricole d’autrefois. L’étang Godard fut réhabilité dans sa fonction de gué à chevaux à la fin du XXᵉ siècle.

Un nom chargé d’histoire

 

Le nom de l’étang a évolué avec le temps. Surnommé un temps la Mare aux sangsues ou Mare aux grenouilles (pour les Bessancourtois), en référence probable à sa faune d’alors, il doit son appellation actuelle à une famille bien connue des Tabernaciens : les Godard.

Au XIXᵉ siècle, Auguste Godard, maire de Taverny de 1855 à 1859, acquiert les terres en contrebas de l’étang et le château du Haut-Tertre. Selon les sources hydrogéologiques et historiques, Il semblerait qu’il soit à l’origine de la transformation de l’ancienne mare en un véritable plan d’eau, et ce en creusant et aménageant le site. L’étang a donc été modelé selon la volonté de son propriétaire, ce qui en fait un plan d’eau artificiel. Auguste Godard n’est pas seulement le fondateur de l’étang tel que nous le connaissons. Il est aussi le père d’une figure majeure de la musique française : Benjamin Godard (1849-1895). Nul doute que le cadre naturel dans lequel le compositeur a grandi a été une réelle source d’inspiration. Deux de ses pièces, "Dans la forêt - Le vent dans les arbres" et "Rêverie au bord de l’étang", rendent d’ailleurs très probablement hommage à ces lieux.

Un carrefour de chemins et de souvenirs bien entretenu

 

Aujourd’hui, l’étang Godard occupe une place stratégique dans la Forêt de Montmorency : il marque le rond-point du Camp de César (vestige d’un oppidum datant de l’âge du Bronze (-1800 à -800), devenu véritable carrefour forestier où convergent plusieurs itinéraires de randonnée, empruntés depuis des générations par des marcheurs en quête de nature, d’histoire, ou simplement de tranquillité.

Alimenté par les eaux de pluie et d'écoulement, son niveau varie en fonction de la pluviosité. Son trop-plein alimente le ru du Corbon, qui se jette dans l'étang Marie... lui-même relié, par des méandres souterrains, au lac d'Enghien. Aussi, bien qu’appartenant à l’État par l’intermédiaire de l’Office Nationale des Forêts (ONF), sa gestion relève principalement des collectivités locales, en particulier de la commune de Taverny - laquelle a procédé à des aménagements et sécurisations il y a quelques années, et du SIARE (Syndicat Intercommunal pour l’Assainissement de la Région d’Enghien-les-Bains). Le SIARE intervient notamment pour la gestion des eaux pluviales, l’entretien des cours d’eau et la préservation de la qualité de l’eau. De quoi garantir la protection et la valorisation de ce patrimoine naturel d’exception sur le territoire tabernacien.