Plongée dans les quartiers anciens de Taverny

Un voyage dans le temps

Lorsque nous évoquons les quartiers de notre ville — Vaucelles, les 7 fontaines, les Chardonnais ou encore Verdun — nous utilisons des noms dont l'origine remonte parfois à plusieurs siècles. Ces appellations, qui font partie de notre quotidien, racontent à elles seules la riche histoire de Taverny.

Aux origines de nos quartiers

Les premières traces écrites des quartiers de Taverny remontent au XIIe siècle avec Montubois et quelques lieux-dits comme Saucour (devenu Saulcourt) et Senneville. Ce n'est qu'aux XIIIe et XIVe siècles qu'apparaissent les premiers quartiers dans la ville elle-même : les Grands Champs, situés sur le coteau entre l'actuelle rue des Bruyères et Saint-Leu, ou encore le Macaro, au niveau de l'actuelle rue de l'Église, face à la rue Raymond Clauzel.

À partir de 1595, les actes du tabellion de Bessancourt (un officier public qui, dans les juridictions subalternes et seigneuriales, faisait fonction de notaire) mentionnent de nombreux quartiers et lieux-dits dont certains restent mystérieux aujourd'hui, comme Le Pré, Les Poullaine, Le Clos du Moustiers, ou Le Four à Banc. D’autres, en revanche, sont bien connus : les Lignières, La Croix de Vaucelle, Le Carrefour de la Barre…

Taverny au fil des cartes : une évolution géographique notable

Autrefois, Taverny était un simple village-rue, structuré autour de l’actuelle rue de Paris sur environ 1,85 km, et se composait de trois quartiers principaux, d'est en ouest : Les Pareux, Vaucelles et Taverny village. Entre ces quartiers existaient des zones peu ou pas construites, comme le montre le plan de Trudaine dressé en 1750.

La première représentation cartographique mentionnant Taverny et ses alentours date de 1700, sur la carte des environs de Paris dressée par Nicolas de Fer, graveur et géographe du Roi. On y distingue déjà Beauchamp, Boissy, Montubois et l'Ecce Homo. Mais c'est le "Plan Terrier" de 1719, dressé par un arpenteur (géomètre) basé à Melun, à la demande de Monsieur de Juilait (Juillet), seigneur du lieu, qui constitue le premier document cartographique détaillé de notre ville. Ce précieux registre de deux volumes, ancêtre du cadastre, contient une série de plans indiquant les parcelles numérotées (bâtiments, cultures, bois), la liste des occupants et propriétaires, ainsi que les redevances associées à chaque parcelle. Il révèle l’existence de nombreux quartiers dont certains sont encore identifiables aujourd’hui :

→ Le Hutru, correspondant au château Picot actuel

→ Le Macaro, qui rappelle la rue de l’Église

→ Le Champ, aujourd’hui place Charles de Gaulle et la mairie

Des points d’eau et gués sont également signalés, notamment la fontaine de « la Barre », en bas de la rue de l’Église.

Les quartiers en 1719

D'après le “Plan Terrier”, la ville comptait alors 220 constructions (ou "feux", unité de comptage utilisée au Moyen-Âge pour désigner un foyer fiscal ou une maison habitée) et le château du Prince de Condé, ce qui correspond à environ 980 habitants.

Les quartiers qui bordaient la rue principale étaient, de Saint-Leu à Bessancourt : les Grand Champ, les Hauts Pareux, Vaucelle, la Fatie, les Grand Centié, les Jardains, le Chan, le fief des Malet, le village de Taverny proprement dit, un autre quartier des Jardains, les Menos, le Chan Huré, l'enclos du Château (avec les maisons du Bordeau), les Gaudain, les Douinette et le Clos Ribos.

Un carrefour de chemins historiques

La rue de Paris était alors un axe stratégique reliant Saint-Denis à Auvers, témoin d’une histoire mouvementée, notamment lorsque les Vikings détruisirent un pont sur l’Oise en 861, selon les archives de l'abbaye de Saint-Denis. Plusieurs chemins secondaires structuraient aussi la ville, comme celui menant de Montubois à Herblay, un tracé datant de l’âge du Bronze, ou encore le chemin de Taverny à Pierrelaye et Pontoise.

D'autres chemins d'importance historique traversaient Taverny :

→ Le chemin reliant la Tuyolle (forêt de Montmorency) au Plessis-Bouchard

→ Le chemin de Taverny à Pierrelaye et Pontoise

→ Le chemin de Montmorency à Pontoise

Un héritage vivant

Si ces noms de quartiers ont été utilisés jusqu'aux années 1960, ils sont aujourd'hui moins courants, excepté parmi d’anciens Tabernaciens. Toutefois, leur mémoire perdure dans de nombreux noms de rues, sentes, ruelles et places : rue et place de Vaucelles, rue des Pareux (actuelle rue Victor Hugo), rues Menotte, des Bonnes Vignes, du Trou Samson, des Plumeroux, des Mallets, et bien d'autres.

Les anciens noms de quartiers de Taverny témoignent d’une histoire riche et d’une identité unique et restent une clé précieuse pour comprendre l’évolution de la ville.