Le portail du Roi Jean
Le côté sud de l’église de Taverny présente deux accès. Par le portail de gauche, appelé « portail saint Barthélémy » ou « Notre Dame des Fers », on accède au fond de la nef. L’autre portail, dit « du Roi Jean », donne accès au chœur par le transept sud. C’est la partie la plus ancienne de cet édifice construit au XIIIe siècle…
1335, le futur roi Jean Le Bon tombe gravement malade. Miraculeusement guéri grâce à l’intervention de moines de l’abbaye de Saint-Denis, venus par trois fois, pieds nus, avec des reliques réputées réaliser les vœux, le père, Philippe VI de Valois, décide alors d’offrir à l’église le « portail du roi Jean ».
Assurer la succession au trône de France
Au-dessus de la double porte, on admire un très bel ensemble : deux petits quadrilobes (ornements formés de quatre lobes en arcs brisés) encadrent une superbe rose dont le vitrail évoque la guérison du fils de Philippe VI de Valois. Ce vitrail a été offert en 1869 par Henri Gaillardet, dont le frère, Frédéric, est l’auteur, avec Alexandre Dumas, du roman « La tour de Nesle ». Voici l’histoire que commémore ce vitrail.
C’est en 1335 que le futur Jean II (Jean le Bon), duc de Normandie et fils ainé de Philippe VI de Valois, tombe malade à Taverny, alors qu’il était l’hôte de Charles Ier, baron de Montmorency (Maréchal de France, grand panetier du roi, Seigneur et Châtelain royal). La science des médecins du roi est impuissante pour guérir le jeune Duc de Normandie. C’est pourquoi le roi, craignant de perdre son fils de 16 ans - son seul héritier ! -, demande à l’Église l’intercession des moines de l’abbaye de Saint-Denis. Ceux-ci, accompagnés des chanoines de Notre-Dame de Paris, viennent à trois reprises, pieds nus, en procession jusqu’au château des Montmorency, avec des reliques de la crucifixion rapportées de Jérusalem en 1239 par Saint-Louis. Ces reliques étaient réputées obtenir à ceux qui les vénéraient la réalisation de leurs vœux…
Suite de l'article paru dans le Taverny Mag #47 - octobre 2022
Le roi Philippe VI de Valois s’adresse alors à Dieu et fait un vœu : si son fils échappe à la mort, il promet d’offrir à l’église de Taverny une somme d’argent conséquente pour construire un portail monumental. De fait, le jeune duc guérit et, en remerciement, le roi Philippe VI de Valois honore son engagement.
Depuis, le portail orne toujours l’édifice. Le remarquable tympan du portail (semi-sphère sculptée sous forme de bas-relief et située en dessous des voûtes) est particulièrement signalé par l’historien de l’architecture Eugène Lefèvre-Pontalis, lequel estime qu’il s’agit d’un des plus anciens exemples de cette disposition (*).
Un vitrail riche en détails
Au centre du vitrail, on voit l’évêque présentant la couronne d’épines au jeune duc de Normandie alité. Debout, au chevet du lit, se tient le roi Philipe VI de Valois. Derrière l’évêque, un moine porte un coussin sur lequel est placé l’un des clous du martyre du Christ, ainsi qu’un autre objet à la vague forme d’un doigt légèrement recourbé. D’après la notice historique publiée en 1866 par Charles Lefeuve sur Taverny, il s’agirait d’un doigt de Saint Denis ! Les reliques seraient restées quinze jours à Taverny, ce qui, selon Charles Lefeuve, fut un temps suffisant pour que l’état de santé du jeune duc de Normandie s’améliore. Derrière le porteur de ces précieuses reliques, un moine tient la crosse de l’évêque et deux moines en prière ferment le cortège.
C’est évidemment de l’intérieur de l’église que le visiteur peut vraiment apprécier la beauté de ce vitrail, dont les couleurs vives et le sujet émouvant ne laissent pas indifférent.
Pour l’anecdote, sachez que Jean le Bon est célèbre non seulement comme roi, mais aussi parce son portrait, réalisé au XIVe siècle (et conservé au Louvre aujourd’hui) est le tout premier portrait réaliste d’un roi de France que nous connaissons !
(*) cité par Laure Schauinger dans son ouvrage « Notre Dame de Taverny », édition Ville de Taverny, 1998
Portrait de Jean Le Bon
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