L’orgue de l’église de Taverny

En entrant dans l’église de Taverny, vous avez sûrement levé les yeux en direction de la verrière ouest et admiré l’orgue à tuyaux et sa tribune.

"Quand le Sauveur Jésus-Christ" Chant de Noël composé par Jean-François Dandrieu (XVIIIème siècle)
Enregistré sur l'orgue de Taverny début novembre 2021. 

Ce n’est certes pas le plus grand des orgues du Val d’Oise, mais ses particularités en font un instrument exceptionnel et attachant.

L’orgue de Taverny a en effet une longue histoire : il fut offert par le grand Connétable Anne de Montmorency à l’église de ses ancêtres vers 1550, sous le règne d'Henri II. Son buffet en bois à trois tourelles plates représente des motifs floraux, des personnages mythologiques mais aussi amérindiens, marque de l’engouement de l’époque pour les Amériques récemment découvertes. Aujourd’hui, le bois apparaît nu, mais il est quasiment certain qu’il était autrefois polychrome et recouvert de dorures. Le buffet a été classé aux Monuments historiques en 1905.

Si nous n’avons pas de traces des travaux entrepris sur l’orgue avant 1895, il est avéré qu’à cette date, on confia à Eugène et John Albert Abbey, facteurs renommés de Versailles, le soin de rénover l’instrument.

Si le buffet est conservé, les autres éléments (sauf quelques tuyaux de soubasse), sont démontés et remplacés par de nouveaux mécanismes. Hélas, ces travaux...

Suite de l'article paru dans le Taverny Mag  #38 - décembre 2021 :

dénaturent l’ensemble, qui perd de son authenticité : il ne s’agit plus de l’orgue Renaissance, complètement disparu, mais d’un orgue d’esthétique romantique adapté au goût du XIXe siècle.

L’inauguration du nouvel orgue a lieu en grande pompe en juillet 1895, sous l’égide d’Eugène Gigout, l’un des organistes les plus réputés de Paris, qui le juge « irréprochable ».

Cet orgue romantique a perduré jusqu’à aujourd’hui. Il possède un clavier de 54 notes et un pédalier de 30 notes. Ses centaines de tuyaux permettent d’offrir dix jeux de sonorités différentes : trompette, flûte, prestant…  mais aussi un jeu d’euphone, le seul de tout le Val-d’Oise !
 
À la fermeture de la manufacture Abbey en 1931, les facteurs d’orgue se succèdent mais après 1970, l’entretien de l’orgue devient assez irrégulier. Depuis 2015, c’est Antoine Pascal qui est mandaté pour assurer l’entretien courant mais aussi les réparations urgentes de l’instrument. Il remplace d’abord le clavier dont les touches sont très abîmées, puis le pédalier et enfin les peausseries de la soufflerie. L’orgue étant un instrument fragile, d’autres travaux sont menés en parallèle, notamment la reprise de l’électrification vieillissante du moteur et la surveillance de la température à la tribune pour protéger l’orgue de variations brutales.
 
Nous pouvons enfin évoquer brièvement la tribune sur laquelle repose l’orgue. Cette plateforme fut refaite vers la même époque : légèrement abaissée pour mettre en valeur les vitraux de la claire-voie, elle fut décorée de panneaux d’un ancien jubé de bois évoquant différents épisodes de la vie de Saint-Barthélémy. Ces magnifiques panneaux, datés comme le buffet du XVIe siècle, sont également classés aux Monuments Historiques.
Article rédigé avec l’aide précieuse
de l’association culturelle Notre-Dame de Taverny
https://acndt.wordpress.com/